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dimanche 20 mars 2016

Les résultats des expérimentations nazies sont-t-ils utilisés dans la médecine d'aujourd'hui ?

Quand on entend parler d'expérimentations médicales nazies, on repense souvent à ce que l'on a appris durant nos cours d'histoire, et certaines photos insoutenables en noir et blanc nous reviennent à l'esprit.  Le nom de Josef Mengele, alias l'ange de la mort, raisonne aussi dans notre tête. Cet officier allemand SS criminel de guerre a exercé comme médecin dans le camp de concentration d'Auschwitz durant la Seconde Guerre mondiale. Il participait à la sélection des déportés destinés à être gazés, et a réalisé de nombreuses expérimentations médicales sur des détenus qui se terminaient le plus souvent par la mort du prisonnier. Si l'horreur de ces expérimentations et atrocités nous retourne l'estomac, certains médecins d'aujourd'hui cherchent à voir ce que l'on peut tirer de cette période de l'histoire, afin d'aider la médecine moderne.
Les médecins nazis commençaient à tester leurs théories dès l'arrivée des prisonniers au camp. Dès leur arrivée à Auschwitz, les prisonniers passaient un par un devant Mengele qui faisait sa sélection en sifflotant des mélodies et en tournant son pouce de gauche à droite : la gauche signifiait la chambre à gaz. Sur chaque arrivée de 1500 personnes, environ 1300 allaient directement à la mort. Les autres allaient subir un autre sort.


Les personnes qui n'étaient pas directement envoyées aux chambre à gaz allaient subir un autre sort. Seuls les juifs étaient sélectionnés, la plupart du temps des adultes en "bonne" santé, c'est à dire capable de survivre aux longues atrocités qui les attend (la plupart n'ont bien évidemment pas survécus). Des enfants étaient aussi sélectionnés, notamment les paires de jumeaux, et plus ils se ressemblaient, mieux c'était. 
Pour les jumeaux, Mengele les vidaient presque totalement de leur sang pour l'analyser. Il a fait des expérimentations bien pires aussi sur des jumeaux que vous pouvez lire ici (âmes sensibles s'abstenir). Après la mort, tous les jumeaux étaient bien sur minutieusement disséqués et analysés.
Pour les autres sélectionnés (enfants et adultes), les expérimentations portaient sur des transfusions sanguines, des opérations de changement de sexe, le retrait de certains organes / muscles / os, transplantations nerveuses, infecter certains prisonniers avec des maladies, des expériences de congélation vivants, absorption d'eau de mer, électrochocs, expériences de basses pression... et beaucoup d'autres. Pour ceux qui survivaient, ils étaient ensuite exécutés pour être disséqués et analysés. Pour ceux qui ont quand même survécus à ces horreurs, les séquelles physiques set mentales ont été irrécupérables.

Les résultats de ces expériences nazies sont considérées à l'unanimité comme hautement immorales, mais sonnent aussi scientifiquement faux à cause des conditions de réalisation et d'incohérences méthodologiques. Les résultats "obtenus" peuvent-ils être utilisés pour la recherche de la médecine moderne ?

Des toutes les expériences nazies réalisées, les plus controversées sont celles sur l'hypothermie de Dachau. Au moins 45 publications citent ces expériences, malgré des résultats très critiqués : ces expériences ont été conduites sans protocole, avec des méthodes inadaptées, et mal exécutées. Des résultats ont également été falsifiés. Difficile donc d'en tirer des conclusions.

Beaucoup d'autres expériences ont des résultats controversés : certains scientifiques ont voulu utiliser les résultats des expériences sur le phosgène, ce qui a créé de nombreux débats. Les scientifiques s'y intéressent car ce sont les seules études sur le phosgène menées sur des humains. Mais des doutes pèsent sur la validité des résultats. De plus les nazis ne donnaient pas d'informations sur les caractéristiques des victimes (sexe, taille, poids), ni sur les méthodes de mesures de l'oedème pulmonaire résultant de l'exposition au phosgène.

Alors peut-on utiliser les résultats de certaines expériences ? Peut-on utiliser les résultats d'expériences "non éthiques" quand ce sont les seules données jamais acquises sur certains sujets ? Ce sont des questions qui ouvrent un grand débat. Beaucoup pensent qu'il ne faut pas utiliser ces données par respect pour les victimes, d'autres pensent que certains résultats devraient être utilisés pour que ces horreurs n'aient pas servi à rien. Le débat reste ouvert sur ce sujet, mais d'un point de vue purement scientifique il apparait que ces données sont très difficiles à utiliser car beaucoup de résultats ont été falsifiés, que beaucoup d'expériences ont été conduites sans protocole, avec des méthodes inadaptées, et mal exécutées... difficile donc d'interpréter les résultats pour un scientifique.


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